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ALA CITĂ? Maurice-ThorezĂ L'Ile-Saint-Denis, tout le monde attend, avec impatience, le retour de l'enfant du quartier: Nadir Dendoune. Depuis deux semaines et demie, ce jeune homme ĂągĂ© de 30Il arrive dans ce cafĂ© de Saint-Ouen oĂč il nous a donnĂ© rendez-vous, volubile, direct. DĂ©fendre son dernier livre Nos rĂȘves de pauvres lui tient Ă cĆur, c'est visible. AprĂšs tout, c'est normal, n'y raconte-t-il pas son pĂšre, Mohand Dendoune, immigrĂ© kabyle, pĂšre courage venu Ă l'Ăąge de 22 ans Ă Paris dans les annĂ©es 50, lui le berger de Kabylie ? N'y rend-il pas hommage Ă sa mĂšre, Messaouda Dendoune, mĂšre vaillance qui a Ă©levĂ© 7 filles et 2 garçons, en pauvretĂ© mais dignitĂ©, d'abord dans un bidonville, puis Ă la citĂ© Maurice-Thorez de l'Ăle-Saint-Denis ? Ne rend-il pas ainsi honneur Ă ces immigrĂ©s » exilĂ©s, qui ont en silence construit aussi la France, ces chibanis dĂ©sormais oubliĂ©s, dont les enfants, Ă l'instar de Nadir Dendoune, veulent dĂ©sormais dire l'histoire. La rĂ©tablir. Son nouveau livre, Nos rĂȘves de pauvres, aprĂšs les prĂ©cĂ©dents Journal de guerre d'un pacifiste, puis Lettre ouverte Ă un fils d'immigrĂ©, et Un tocard sur le toit du monde, est un recueil de chroniques qu'il a publiĂ©es rĂ©guliĂšrement, tous les mardis, dans le journal qui l'emploie, Le Courrier de l'Atlas. Dans ce recueil, il y a d'abord les mots, maudits puis dĂ©sirĂ©s. Les mots dits, ceux sur lesquels il butait enfant, un bĂ©gaiement qu'il a surmontĂ© en combat solitaire. Une bagarre qu'il a continuĂ©e avec les mots Ă©crits, quand sa professeure de français lui a dit, adolescent, que ce qu'il Ă©crivait n'Ă©tait pas de la littĂ©rature ». Il n'y a que maintenant que je me dis que je sais peut-ĂȘtre un peu Ă©crire », glisse-t-il lĂ©gĂšrement dans la conversation. DĂ©sormais, il cite Virginie Despentes, Camus, Romain Gary, Kundera, Albert Cohen, et adore » Guy de Maupassant. Surtout, il revendique le mot d'Annie Ernaux qui dit Ă©crire pour venger les siens ». Lire m'a sauvĂ©. J'avais un mal-ĂȘtre, plus jeune. Lire m'a permis de dĂ©passer cela. J'Ă©tais en rage, maintenant je suis en colĂšre. Mais, ĂȘtre en colĂšre, c'est bien, c'est constructif, c'est ĂȘtre vivant. » Effectivement, Nadir Dendoune sait Ă©crire, en musicalitĂ©. J'Ă©cris avec mon oreille », affirme-t-il. Dans Nos rĂȘves de pauvres, il met en musique son enfance, entre le vide des hauteurs bĂ©tonnĂ©es et Paris, si loin et si proche. Mais attention, pas les citĂ©s horrifiques des faits divers. Les vraies, celles oĂč vivent entre eux ceux qu'il appelle les petits, les pauvres ». Dans la citĂ© Maurice-Thorez, on vivait entre prolĂ©taires, on achetait le dimanche le journal L'HumanitĂ©, parce que c'Ă©tait l'un des rares journaux Ă parler de la classe ouvriĂšre », Ă©crit-il. C'est lĂ , Ă dĂ©chiffrer sur le balcon familial les longs articles, que Nadir y forge une conscience de classe, mĂȘme si le mot semble dĂ©sormais dĂ©passĂ©, mais le mot seulement. Il raconte la pauvretĂ©, mais pas la misĂšre, celle qui l'a tellement marquĂ© que mĂȘme maintenant il se refuse Ă toute dĂ©pense que ses parents ne se seraient pas autorisĂ©s, comme si, finalement, on restait pauvre toute sa vie ». Je m'interdis d'avoir une vie de riche. Parfois, je gagne en une fois deux, trois fois le salaire de mon pĂšre, cela me fait bizarre », constate-t-il. On l'observe ainsi qui dĂ©barrasse spontanĂ©ment les tasses vides de cafĂ© pour les rendre au serveur derriĂšre son comptoir, surpris par le geste, je n'aime pas ĂȘtre servi, en cela je suis un ancien pauvre », s'amuse-t-il. Dans la citĂ© oĂč il grandit, Ă l'Ă©poque, il n'y avait pas de Noirs, pas de Beurs [âŠ], pas de musulmans ou de juifs on Ă©tait tous des enfants de pauvres », Ă©crit-il. Il dit surtout qu'au final la citĂ© n'a pas Ă©tĂ© une malĂ©diction sociale, bien au contraire Je comprends enfin la chance d'ĂȘtre banlieusard. » Cette fiertĂ©, il tente de la transmettre Ă ces Ă©lĂšves qu'il rencontre rĂ©guliĂšrement Ce qui fait mal au cĆur c'est que ce que je vivais il y a 30 ans, les gamins le vivent encore, voire en pire. On croit que le théùtre, ce n'est pas pour nous, que chef d'orchestre, Ă©crivain, ce n'est pas pour nous. Quand je leur demande s'ils ont confiance en eux, ils disent tous que non. Pourtant, c'est fondamental. Il faut travailler sur l'estime de soi. Je dis aux gosses Tu as le droit d'Ă©crire, de faire de l'alpinisme. C'est quand j'ai fait une Ă©cole de journalisme renommĂ©e que j'ai compris que naĂźtre de l'autre cĂŽtĂ© du pĂ©riphĂ©rique marque. J'avais un complexe de culture alors j'ai lu. Mais j'avais appris, moi, la vie sur le terrain, pas que dans les livres. C'est ce que je dis aux gamins de leur handicap, ils peuvent faire une force. Il faut juste se dĂ©complexer, vaincre ses blocages internes », analyse-t-il. Cette estime, il a pu l'acquĂ©rir, quant Ă lui, grĂące Ă Salah Ouarti, animateur de quartier ultra diplĂŽmĂ©, citant Nietzsche et Foucault, mais qui avait pourtant choisi de s'occuper des gamins de la citĂ©. La salle de quartier a Ă©tĂ© essentielle dans mon parcours. Salah avait compris la question essentielle de la gĂ©ographie. Il savait qu'il fallait une salle dans notre citĂ©, car l'emprise des tours est forte, c'est comme un aimant, on ne sort pas du quartier. » Autre mise en musique par les mots, ceux dĂ©diĂ©s Ă son 93 de naissance, celui-lĂ mĂȘme Ă qui il a rendu hommage une fois atteint le sommet de l'Everest. Je suis un banlieusard, et pas de n'importe quelle banlieue, du dĂ©partement le plus pauvre de France ; c'est pourquoi je l'aime autant. J'ai mis le cĆur 93 au sommet. J'Ă©tais Ă 6 000 mĂštres, j'ai alors pris un carton, ai vaguement dĂ©coupĂ© un cĆur et ai inscrit 93. » Ce dĂ©tail sera repris dans le film L'Ascension. Ă travers ces chroniques, on devine aussi une partition de voyages, en Australie d'abord, oĂč il s'envolera Ă l'Ăąge de 20 ans aprĂšs avoir vu un documentaire sur ce pays des possibles. J'ai vĂ©cu Ă Sydney jusqu'Ă 29 ans. C'est la terre d'immigration par excellence. Tout le monde venait de partout. LĂ -bas, j'Ă©tais un homme blanc, j'Ă©tais un Occidental. J'ai trois passeports français, algĂ©rien, australien. Je me sens citoyen du monde, mĂȘme si cela sonne clichĂ© », s'amuse-t-il. Il fera le tour de ce pays continent Ă vĂ©lo, avant de faire le tour du monde Ă vĂ©lo, pour la cause de la lutte contre le sida. Autre tempo dans ce livre, celui de la France telle qu'elle est. Il y a une multitude de Français ; ĂȘtre français, c'est vivre ici, simplement. Ceux qui pensent que l'identitĂ© d'un pays est figĂ©e ont la mĂ©moire courte. Tout bouge, il suffit de regarder l'histoire. Ma famille, la famille Dendoune, est une famille française comme une autre », note-t-il simplement. Et ne lui parlez surtout pas de beur », un mot qu'il dĂ©teste. Plus encore, dans ses multiples chroniques consacrĂ©es Ă la Seine-Saint-Denis, pas une fois il n'aborde la question de la religion. La remarque semble presque le surprendre Dans la ville oĂč j'ai grandi et vis encore, la religion est un non-problĂšme ; c'est dans la sphĂšre privĂ©e. Ce n'est pas un sujet. Mais c'est Ă©trange, car on en parle partout, Ă croire qu'on crĂ©e le sujet. » En mots brefs et nets, il articule aussi une loi presque sociale Moins la France nous aime, plus nous nous rapprochons de nos racines, c'est mĂ©canique. » Enfin, se fait entendre la douce symphonie Ă©crite en chroniques subtiles pour ses parents. Leurs photos superbes illustrent d'ailleurs la couverture. J'ai tout fait par amour j'ai lu par amour d'une femme, je suis devenu journaliste pour elle aussi. Mais tout a commencĂ© avec l'amour de mes parents. Ma force vient de leur regard bienveillant. MĂȘme si j'ai fait le tour du monde Ă vĂ©lo, ai gravi l'Everest, je ne l'ai fait que pour ce regard qu'on a eu sur moi. Quand je fais quelque chose, il faut que les miens soient fiers de moi, sinon cela me dĂ©range. Le but de ce livre est de raconter la vie comme elle est. Mais surtout de rendre hommage Ă mes parents. Il faut ĂȘtre fier de ses parents. C'est la base pour se construire. Ces gamins que je rencontre, je leur dis cela. Je n'ai rien fait seul, on ne fait rien seul. Je suis une rĂ©ussite collective. » Mais dĂ©sormais, aprĂšs autant de dĂ©passements, physique, social, culturel, dĂ©passement de frontiĂšres ou de mots bloquĂ©s, Nadir Dendoune conclut Il a fallu que je fasse des trucs extraordinaires pour devenir normal. Quand j'ai fini l'Everest, c'est comme si c'Ă©tait une fin de boucle. Je me suis rendu compte que le vrai Everest est d'ĂȘtre heureux dans la vie. Moi, tous les matins je vais boire un cafĂ© chez ma mĂšre et si ce n'est pas cela ĂȘtre riche. »* Salon du livre de Paris retrouvez Nadir Dendoune le 26 mars 2017 de 14 heures Ă 17 heures au stand Pocket pour dĂ©dicacer son livre Un tocard sur le toit du monde », actuellement adaptĂ© au cinĂ©ma sous le titre L'Ascension ».
Lacité Maurice-Thorez, à L'Ile-Saint-Denis (Seine-Saint-Denis), est semblable à bon nombre de quartiers HLM. L'été venu, les uns rentrent au pays, les autres envoient leurs